Certains enfants n’aiment franchement pas les légumes et c’est parfois tellement problématique que nous pensons que ça vaut bien un badge d’encouragement. Mais on a hésité ! Parce que manger des légumes c’est… normal. Au même titre que ranger sa chambre, débarrasser derrière soi, ou se brosser les dents.
Sauf qu’entre 2 ans et 10 ans apparaît chez l’enfant une néophobie alimentaire. Et ce rejet des nouveaux aliments (ou des aliments sous une nouvelle forme) touche environ 77% des enfants vers l’âge de 2-3 ans. On vous le donne en mille, ça concerne davantage les légumes que le chocolat. Et ça peut rapidement devenir une crispation après une grosse journée de travail et un dîner concocté avec tout votre amour.
Bien comprendre ce qui se trame derrière
Avoir 2 ans, c’est subir de profondes mutations sur le plan moteur (on explore un nouveau monde en marchant, on sait tenir une cuiller…), sur le plan cognitif (on sait ce qui est familier ou au contraire inconnu) et sur le plan cérébral (on est en pleine maturation du cortex préfrontal, cette zone méga balèze de notre cerveau qui héberge les fonctions du langage, du raisonnement entre autres, mais également le traitement du goût et de l’odorat). Donc si vos brocolis n’ont pas déchaîné les foules hier soir, alors que vous vous targuiez récemment d’avoir un enfant absolument incroyable à table, réjouissez-vous : votre petit·e grandit !
« Dès la petite enfance, des tempéraments alimentaires très contrastés coexistent. Certains enfants se révèlent curieux et d’un bon appétit dès les premières expériences alimentaires non lactées, d’autres au contraire expriment naturellement une méfiance vis‐à‐vis de toute nouveauté culinaire. En grandissant, les enfants vont passer par une étape dite de « néophobie alimentaire » définie par la réticence à goûter des aliments nouveaux. Cette étape presque incontournable du développement de l’enfant apparaît généralement aux alentours de 2 ans, lorsque l’enfant devient de plus en plus autonome. Cette réaction le protégerait ainsi du risque d’ingestion de substances dangereuses. Parallèlement, les goûts de l’enfant en matière d’alimentation s’affirment, tout comme son caractère (« moi tout seul »). » Sandrine Monnery‐Patris, chercheuse au Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation. Voir la restitution complète de l’étude ici.
Parallèlement à ceci, deux chercheuses de Yale ont établi que, plutôt qu’une aversion gustative, le dégoût du vert proviendrait également de notre système de défense instinctif développé par nos ancêtres préhistoriques face au potentiel danger des plantes toxiques ou épineuses. Donc la soupe d’orties, c’est sympa sur le papier, mais pas folichon pour les ex-primates que nous sommes. Idem pour les saveurs amères : les plus jeunes leur préfèrent inconsciemment les aliments gras et sucrés parce qu’ils sont associés pour le corps à une source d’énergie.
« J’espère que je fais pas une connerie, là… »
Que faire ?
C’est ici, parents, que vous devez déterminer la méthode à employer pour non pas « faire manger des légumes à son enfant » mais « faire aimer les légumes à son enfant ». Parce que c’est bien beau d’acheter des coquillettes à la farine de courgette, mais planquer les problèmes sous le tapis n’a jamais aidé à les résoudre.
Trois attitudes s’offrent à vous : Autoritaire, Démocratique ou Permissif et vous savez très bien que c’est celle du milieu qu’il faut adopter. Forcer un enfant coûte que coûte à manger ses légumes c’est risquer de faire de son alimentation un réel problème (qui sera, lui, bien tenace). Abandonner les légumes pour s’offrir la paix, c’est oublier de donner à son enfant l’habitude (et la joie !) de se nourrir d’aliments essentiels par leurs hautes qualités nutritionnelles. Et n’oubliez pas que le traditionnel menu enfant steak haché frites boule de glace ne sera plus valable quand vous emmènerez votre pré-ado au resto.
L’attitude démocratique
Bravo, vous pouvez avancer de 3 cases et rejouer. Après le choix des attitudes globales vient le choix de notre mode opératoire face à la négociation qui va avoir lieu. Voici quatre possibilités :
La Coercition (mais pas très compatible avec l’attitude démocratique : vous reculez de 3 cases)
La Récompense (hello le chantage)
Les Explications (avant 8 ans, un enfant peut tout à fait répéter que c’est bon pour la santé, mais il ne retient pas réellement cette notion)
Les Préférences (s’en tenir aux carottes et abandonner les centaines d’autres joyaux de la nature)
Rappelez-vous l’objectif premier : c’est que l’enfant prenne confiance en lui et en vous. Vous n’allez pas le tromper en tentant de lui faire avaler des choux de Bruxelles déguisés en pommes dauphines. Vous ne pouvez pas cuisiner en permanence en fonction de ses préférences. Il faut qu’il prenne du plaisir en mangeant. « Tu me dis, j’oublie. Tu m’enseignes, je me souviens. Tu m’impliques, j’apprends » disait une citation (faussement attribuée à Benjamin Franklin mais pourtant très pertinente). Alors lisez des recettes ensemble, faites-en votre commis de cuisine quand vous en avez le temps, discutez des saveurs, partagez-vous un brin de ciboulette, de persil à mâchouiller pour rigoler. Et puis ne lésinez pas sur « l’apprentissage par le jeu » en décidant par exemple de partir à la découverte d’un pays ou d’une région par le biais de l’assiette, en faisant des Kapla de carottes-concombre-celeri, en vous initiant à l’art du bento 😉
Sachez également que c’est la présentation répétitive de l’aliment mal-aimé, idéalement sous plusieurs formes qui va finir par payer. Comme une chanson, plus vous l’écoutez plus vous l’adorez. L’enfant doit s’habituer progressivement aux goûts pour les apprécier, et, croisons les doigts, finir par demander du rab 😉
Votre enfant réussit à dépasser son dégoût et finit même par aimer le chou ? Encouragez-le à poursuivre et offrez-lui le badge Herbivore de Bravokid, parce qu’il l’a bien mérité !
« Finis d’abord tes légumes » Introduction à la néophobie alimentaire !
Certains enfants n’aiment franchement pas les légumes et c’est parfois tellement problématique que nous pensons que ça vaut bien un badge d’encouragement. Mais on a hésité ! Parce que manger des légumes c’est… normal. Au même titre que ranger sa chambre, débarrasser derrière soi, ou se brosser les dents.
Sauf qu’entre 2 ans et 10 ans apparaît chez l’enfant une néophobie alimentaire. Et ce rejet des nouveaux aliments (ou des aliments sous une nouvelle forme) touche environ 77% des enfants vers l’âge de 2-3 ans. On vous le donne en mille, ça concerne davantage les légumes que le chocolat. Et ça peut rapidement devenir une crispation après une grosse journée de travail et un dîner concocté avec tout votre amour.
Bien comprendre ce qui se trame derrière
Avoir 2 ans, c’est subir de profondes mutations sur le plan moteur (on explore un nouveau monde en marchant, on sait tenir une cuiller…), sur le plan cognitif (on sait ce qui est familier ou au contraire inconnu) et sur le plan cérébral (on est en pleine maturation du cortex préfrontal, cette zone méga balèze de notre cerveau qui héberge les fonctions du langage, du raisonnement entre autres, mais également le traitement du goût et de l’odorat). Donc si vos brocolis n’ont pas déchaîné les foules hier soir, alors que vous vous targuiez récemment d’avoir un enfant absolument incroyable à table, réjouissez-vous : votre petit·e grandit !
« Dès la petite enfance, des tempéraments alimentaires très contrastés coexistent. Certains enfants se révèlent curieux et d’un bon appétit dès les premières expériences alimentaires non lactées, d’autres au contraire expriment naturellement une méfiance vis‐à‐vis de toute nouveauté culinaire. En grandissant, les enfants vont passer par une étape dite de « néophobie alimentaire » définie par la réticence à goûter des aliments nouveaux. Cette étape presque incontournable du développement de l’enfant apparaît généralement aux alentours de 2 ans, lorsque l’enfant devient de plus en plus autonome. Cette réaction le protégerait ainsi du risque d’ingestion de substances dangereuses. Parallèlement, les goûts de l’enfant en matière d’alimentation s’affirment, tout comme son caractère (« moi tout seul »). »
Sandrine Monnery‐Patris, chercheuse au Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation. Voir la restitution complète de l’étude ici.
Parallèlement à ceci, deux chercheuses de Yale ont établi que, plutôt qu’une aversion gustative, le dégoût du vert proviendrait également de notre système de défense instinctif développé par nos ancêtres préhistoriques face au potentiel danger des plantes toxiques ou épineuses. Donc la soupe d’orties, c’est sympa sur le papier, mais pas folichon pour les ex-primates que nous sommes.
Idem pour les saveurs amères : les plus jeunes leur préfèrent inconsciemment les aliments gras et sucrés parce qu’ils sont associés pour le corps à une source d’énergie.
« J’espère que je fais pas une connerie, là… »
Que faire ?
C’est ici, parents, que vous devez déterminer la méthode à employer pour non pas « faire manger des légumes à son enfant » mais « faire aimer les légumes à son enfant ». Parce que c’est bien beau d’acheter des coquillettes à la farine de courgette, mais planquer les problèmes sous le tapis n’a jamais aidé à les résoudre.
Trois attitudes s’offrent à vous : Autoritaire, Démocratique ou Permissif et vous savez très bien que c’est celle du milieu qu’il faut adopter. Forcer un enfant coûte que coûte à manger ses légumes c’est risquer de faire de son alimentation un réel problème (qui sera, lui, bien tenace). Abandonner les légumes pour s’offrir la paix, c’est oublier de donner à son enfant l’habitude (et la joie !) de se nourrir d’aliments essentiels par leurs hautes qualités nutritionnelles. Et n’oubliez pas que le traditionnel menu enfant steak haché frites boule de glace ne sera plus valable quand vous emmènerez votre pré-ado au resto.
L’attitude démocratique
Bravo, vous pouvez avancer de 3 cases et rejouer. Après le choix des attitudes globales vient le choix de notre mode opératoire face à la négociation qui va avoir lieu. Voici quatre possibilités :
Rappelez-vous l’objectif premier : c’est que l’enfant prenne confiance en lui et en vous. Vous n’allez pas le tromper en tentant de lui faire avaler des choux de Bruxelles déguisés en pommes dauphines. Vous ne pouvez pas cuisiner en permanence en fonction de ses préférences. Il faut qu’il prenne du plaisir en mangeant. « Tu me dis, j’oublie. Tu m’enseignes, je me souviens. Tu m’impliques, j’apprends » disait une citation (faussement attribuée à Benjamin Franklin mais pourtant très pertinente). Alors lisez des recettes ensemble, faites-en votre commis de cuisine quand vous en avez le temps, discutez des saveurs, partagez-vous un brin de ciboulette, de persil à mâchouiller pour rigoler. Et puis ne lésinez pas sur « l’apprentissage par le jeu » en décidant par exemple de partir à la découverte d’un pays ou d’une région par le biais de l’assiette, en faisant des Kapla de carottes-concombre-celeri, en vous initiant à l’art du bento 😉
Sachez également que c’est la présentation répétitive de l’aliment mal-aimé, idéalement sous plusieurs formes qui va finir par payer. Comme une chanson, plus vous l’écoutez plus vous l’adorez. L’enfant doit s’habituer progressivement aux goûts pour les apprécier, et, croisons les doigts, finir par demander du rab 😉
Votre enfant réussit à dépasser son dégoût et finit même par aimer le chou ? Encouragez-le à poursuivre et offrez-lui le badge Herbivore de Bravokid, parce qu’il l’a bien mérité !