Cher journal, faut que je te raconte un truc de ouf. Bon, j’avais senti venir l’affaire, mais je t’en avais pas parlé, parce que je pigeais pas trop ce qui m’attendait. D’abord, il y a eu tous ces gens, les copains des parents, ma grand-mère, la boulangère qui se sont mis à faire du théâtre en me voyant, à grands coups de « Hiiiii » et de « Aaaah », de « ça y est tu es une grande », « Ooooh ça va être super, tu vas voir ! », « Olalala, tu as déjà ton cartable ? »
BREF, un truc magique devait m’arriver. Je savais comment ça s’appelait, on me tanne avec ça depuis des mois et même les histoires qu’on me racontent le soir parlent de ça, l’école. Mais plus ça approchait, plus ça a pris une ampleur de dingue dans ma vie. Les parents en discutaient tout le temps. Apparemment on s’inquiétait parce que je n’étais pas propre, que je dormais encore beaucoup, que je mangeais un peu n’importe quand.
Du coup, moi j’étais contente d’y aller, à l’école ! Ça rendait tout le monde tellement hystéro que j’avais l’impression d’être un astronaute en prépa pour un vol interstellaire (d’au moins 15 ans, si j’ai bien compris).
Compte à rebours
Houston, je crois que c’est maintenant. Maman me réveille et m’attable devant un petit déj de championne. A peine ma dernière bouchée engloutie que c’est un débarbouillage bien plus méticuleux qu’à l’ordinaire. Pas le temps de jouer, on m’habille fébrilement avec des habits qui sentent le neuf et mon prénom écrit dessus. On dirait que Maman est devenue dingue. Elle fait les questions, les réponses, un sourire qui s’efface, puis qui réapparaît. Quand je pense qu’on m’a vendu du rêve.
Ok. On arrive devant l’école et ça y est je commence à comprendre qu’il y a un revers à la médaille : il y a des gosses QUI PLEURENT. Maman n’a plus rien à dire, on est planté là, sur le parvis, ça sent le piège. Elle sert un peu trop fort ma main. Azy, la fusée va décoller, les portes de l’école s’ouvre. Frémissements chez les adultes, on entre. Cohue dans les couloirs, on cherche des informations. C’est tout petit, il y a trop de monde, il fait chaud, ça fait du bruit.
Houston on a un problème
Finalement j’ai plus envie d’être là, déso. Les parents s’accrochent en grappe à une maîtresse bien trop calme et trop souriante qui répond plusieurs fois aux mêmes questions. Maman ne sait pas si je peux garder mon doudou ou le laisser au porte-manteau. Seriously Maman ? On s’en fiche non ? Elle ne sait pas non plus si elle doit partir maintenant, ce qu’elle doit faire, bref elle part en vrille et moi ça me fait flipper. Je commence à vraiment avoir envie de pleurer.
Ah oui, à la porte de la classe, ça chouine sévère. C’est ça, c’est là qu’on doit se séparer, plonger dans un endroit inconnu, avec des collègues qui crient, qui sont muets ou qui pleurnichent. Je ne veux plus y aller Maman. Ça y est, j’ai craqué, je renonce, moi aussi je pleure de trouille. C’est pas du tout du tout du tout ce qu’on m’avait vanté. Je m’agrippe à Maman, je la supplie, je la pousse, je veux monter dans ses bras. Dans la bousculade, je me retrouve dans la pièce aux néons blancs, je ne distingue pas encore les super jouets rangés partout, les petites tables à ma taille, le sourire bienveillant des ATSEM, de ma maîtresse et le potentiel bien rigolo de mes compagnons d’infortune.
Silence radio
C’est l’après-midi. La maîtresse dit que les parents arrivent dans le couloir et qu’on va pouvoir les retrouver dès qu’elle dira notre prénom. Je vois Papa et Maman, mon coeur gonfle à en briser ma poitrine. Je n’attends pas le GO de la maîtresse, je trace dans leurs bras pour qu’ils m’assomment de câlins. Ils disent qu’ils sont fiers de moi et que j’ai été courageuse. Et aussi que c’était pas si pire que ça finalement (mais vraiment, qu’est-ce qu’ils en savent ?!). Mais je suis un peu rassurée. Je sais un peu mieux ce que c’est que d’aller à l’école. Et demain me fait déjà moins peur.
Peut être la maîtresse rassurera mes parents en leur disant que tout s’est bien passé, que c’est toujours un peu sportif la rentrée en maternelle. Moi en tout cas, je ne leur dirai RIEN. Vengeance 🙂
Le jour où on m’a mis à l’école.
Cher journal, faut que je te raconte un truc de ouf. Bon, j’avais senti venir l’affaire, mais je t’en avais pas parlé, parce que je pigeais pas trop ce qui m’attendait. D’abord, il y a eu tous ces gens, les copains des parents, ma grand-mère, la boulangère qui se sont mis à faire du théâtre en me voyant, à grands coups de « Hiiiii » et de « Aaaah », de « ça y est tu es une grande », « Ooooh ça va être super, tu vas voir ! », « Olalala, tu as déjà ton cartable ? »
BREF, un truc magique devait m’arriver. Je savais comment ça s’appelait, on me tanne avec ça depuis des mois et même les histoires qu’on me racontent le soir parlent de ça, l’école.
Mais plus ça approchait, plus ça a pris une ampleur de dingue dans ma vie.
Les parents en discutaient tout le temps. Apparemment on s’inquiétait parce que je n’étais pas propre, que je dormais encore beaucoup, que je mangeais un peu n’importe quand.
Du coup, moi j’étais contente d’y aller, à l’école ! Ça rendait tout le monde tellement hystéro que j’avais l’impression d’être un astronaute en prépa pour un vol interstellaire (d’au moins 15 ans, si j’ai bien compris).
Compte à rebours
Houston, je crois que c’est maintenant. Maman me réveille et m’attable devant un petit déj de championne. A peine ma dernière bouchée engloutie que c’est un débarbouillage bien plus méticuleux qu’à l’ordinaire. Pas le temps de jouer, on m’habille fébrilement avec des habits qui sentent le neuf et mon prénom écrit dessus. On dirait que Maman est devenue dingue. Elle fait les questions, les réponses, un sourire qui s’efface, puis qui réapparaît. Quand je pense qu’on m’a vendu du rêve.
Ok. On arrive devant l’école et ça y est je commence à comprendre qu’il y a un revers à la médaille : il y a des gosses QUI PLEURENT. Maman n’a plus rien à dire, on est planté là, sur le parvis, ça sent le piège. Elle sert un peu trop fort ma main. Azy, la fusée va décoller, les portes de l’école s’ouvre. Frémissements chez les adultes, on entre. Cohue dans les couloirs, on cherche des informations. C’est tout petit, il y a trop de monde, il fait chaud, ça fait du bruit.
Houston on a un problème
Finalement j’ai plus envie d’être là, déso. Les parents s’accrochent en grappe à une maîtresse bien trop calme et trop souriante qui répond plusieurs fois aux mêmes questions. Maman ne sait pas si je peux garder mon doudou ou le laisser au porte-manteau. Seriously Maman ? On s’en fiche non ? Elle ne sait pas non plus si elle doit partir maintenant, ce qu’elle doit faire, bref elle part en vrille et moi ça me fait flipper. Je commence à vraiment avoir envie de pleurer.
Ah oui, à la porte de la classe, ça chouine sévère. C’est ça, c’est là qu’on doit se séparer, plonger dans un endroit inconnu, avec des collègues qui crient, qui sont muets ou qui pleurnichent. Je ne veux plus y aller Maman. Ça y est, j’ai craqué, je renonce, moi aussi je pleure de trouille. C’est pas du tout du tout du tout ce qu’on m’avait vanté. Je m’agrippe à Maman, je la supplie, je la pousse, je veux monter dans ses bras.
Dans la bousculade, je me retrouve dans la pièce aux néons blancs, je ne distingue pas encore les super jouets rangés partout, les petites tables à ma taille, le sourire bienveillant des ATSEM, de ma maîtresse et le potentiel bien rigolo de mes compagnons d’infortune.
Silence radio
C’est l’après-midi. La maîtresse dit que les parents arrivent dans le couloir et qu’on va pouvoir les retrouver dès qu’elle dira notre prénom. Je vois Papa et Maman, mon coeur gonfle à en briser ma poitrine. Je n’attends pas le GO de la maîtresse, je trace dans leurs bras pour qu’ils m’assomment de câlins.
Ils disent qu’ils sont fiers de moi et que j’ai été courageuse. Et aussi que c’était pas si pire que ça finalement (mais vraiment, qu’est-ce qu’ils en savent ?!). Mais je suis un peu rassurée. Je sais un peu mieux ce que c’est que d’aller à l’école. Et demain me fait déjà moins peur.
Peut être la maîtresse rassurera mes parents en leur disant que tout s’est bien passé, que c’est toujours un peu sportif la rentrée en maternelle. Moi en tout cas, je ne leur dirai RIEN. Vengeance 🙂
Alors ? Ça s’est vraiment passé comme ça chez vous ? 😉
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